Publié
DerniĂšre actualisation
temps de lecture

IACM-Bulletin du 16 mai 2005

Authors

Royaume-Uni — EnquĂȘte sur l’utilisation thĂ©rapeutique du cannabis

Une Ă©tude par questionnaire destinĂ©e aux patients utilisant du cannabis pour des motifs thĂ©rapeutiques en Grande Bretagne a mis en Ă©vidence que 16 pour cent d’entre eux le font sous le conseil de leur mĂ©decin. L’étude a Ă©tĂ© menĂ©e entre 1998 et 2002 et publiĂ©e dans le numĂ©ro de mars de l’International Journal of Clinical Practice

3663 questionnaires furent distribuĂ©s et 2969 retournĂ©s. 60,9 pour cent des participants Ă©taient des femmes, l’ñge moyen Ă©tait de 52,7 ans. Le cannabis fut utilisĂ© par un pourcentage considĂ©rable des patients. 25 pour cent des patients avec des douleurs chroniques y eurent recours. La rĂ©partition pour les autres maladies est : sclĂ©rose en plaque (22 pour cent), dĂ©pression (22 pour cent), arthrose (21 pour cent) et neuropathies (19 pour cent). Le cannabis mĂ©dical fut associĂ© Ă  un Ăąge plus jeune, aux patients de sexe masculin et Ă  une prĂ©cĂ©dente utilisation rĂ©crĂ©ative du cannabis.

Plus d’un tiers (35 pour cent) des utilisateurs de cannabis thĂ©rapeutique ont indiquĂ© qu’ils en consommaient 6 ou 7 jours par semaine. La majoritĂ© (68 pour cent) a indiquĂ© que le cannabis a considĂ©rablement allĂ©gĂ© leurs symptĂŽmes. « Les rĂ©sultats de notre enquĂȘte au Royaume-Uni, incluant le contexte de consommation et les effets rapportĂ©s, apportent un soutient Ă  la poursuite du dĂ©veloppement de mĂ©dicaments basĂ©s sur le cannabis, sĂ»rs et efficaces » commente l’auteur principal, Dr. Mark Ware de l’UniversitĂ© McGill de MontrĂ©al (Canada).

(Sources: United Press International du 17 mars 2005, Ware MA, et al. The medicinal use of cannabis in the UK: results of a nationwide survey. IJCP 2005;59(3):291)

Hollande — Comparaison entre le cannabis des coffee-shops et celui de l’Agence pour le Cannabis MĂ©dical

Des chercheurs de l’UniversitĂ© de Leiden, en coopĂ©ration avec les laboratoires Farmalyse (Zaandam) et Bactimm (Nijmegen) ont comparĂ© la qualitĂ© et le prix du cannabis vendu en coffee-shop avec le cannabis de l’Agence pour le Cannabis MĂ©dical du ministĂšre de la santĂ©, distribuĂ© en pharmacies.

Les chercheurs ont mis en Ă©vidence que le cannabis des coffee-shops pouvait ĂȘtre contaminĂ© par des bactĂ©ries et des moisissures, pouvant porter sĂ©rieusement atteinte Ă  la santĂ© de patients gravement malades. Les micro-organismes dĂ©tectĂ©s dans les Ă©chantillons comportaient la bactĂ©rie Escherichia Coli et de nombreuses espĂšces d’Aspergillus. La bactĂ©rie Escherichia Coli est une bactĂ©rie fĂ©cale, pouvant apparaĂźtre dans le cannabis suite Ă  la manipulation de celui-ci par quelqu’un qui ne serait pas lavĂ© les mains. « Cela peut bien se passer avec un individu en bonne santĂ©, mais cela constitue un danger envers les gens qui l’utilisent comme mĂ©dicament » prĂ©cise Dr. Rob Verpoorte, chercheur ayant dirigĂ© l’étude. Aucun micro-organisme n’a Ă©tĂ© trouvĂ© dans le cannabis thĂ©rapeutique distribuĂ© aux pharmacies par l’Agence pour le Cannabis MĂ©dical.

Les diffĂ©rences de prix, Ă  quantitĂ© Ă©gale de THC dans le cannabis, entre celui dĂ©livrĂ© par les pharmacies, celui issu des fĂ©dĂ©rations de patients et celui vendu en coffee-shop sont relativement faibles. Le prix moyen en coffee-shop se situait entre 6 et 7 Euros par gramme. Le cannabis en pharmacie Ă©tait 10 Ă  40 pour cent plus cher, mais les coffee-shops vendent en moyenne 5 pour cent de moins qu’annoncĂ©. Ainsi un coffee-shop a-t-il fourni 7,5 grammes au lieu des 10 grammes commandĂ©s et payĂ©s.

(Source: Newsletter de l’Agence pour le Cannabis MĂ©dical)

En bref

Science — Utilisation thĂ©rapeutique aux Pays-Bas

Un sondage sur l’utilisation thĂ©rapeutique du cannabis, menĂ©e avant la distribution de cannabis thĂ©rapeutique par le ministĂšre de la santĂ© nĂ©erlandais a Ă©tĂ© publiĂ© dans le journal Neurology. 300 questionnaires furent distribuĂ©s par Maripharm, une entreprise qui fournit du cannabis aux pharmacies. 107 patients ont rempli et renvoyĂ© le questionnaire. La durĂ©e moyenne d’utilisation du cannabis a Ă©tĂ© de 5,4 mois. Le diagnostique principal pour lequel le cannabis fut prescrit Ă©tait des troubles neurologiques tels que la sclĂ©rose en plaque, les traumatismes mĂ©dullaires et le cancer. Dans 18,4 pour cent des cas, aucun effet positif n’a Ă©tĂ© rapportĂ©. Des effets bĂ©nĂ©fiques ou excellents ont Ă©tĂ© mentionnĂ©s dans 64,1 pour cent. (Source : Gorter RW, et al. Neurology 2005;64(5):917-9)

Science — Cirrhose du foie

Selon de nouvelles recherches, le rĂ©cepteur cannabinoĂŻde CB2 joue un rĂŽle antifibrogĂ©nique au niveau hĂ©patique et les cannabinoĂŻdes peuvent aider Ă  bloquer le dĂ©veloppement de la fibrose hĂ©patique. Les rĂ©cepteurs CB2 ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s dans les cellules du foie de patients souffrant de cirrhose active, mais Ă©taient absent dans le foie humain sain. L’activation des rĂ©cepteurs CB2 a entraĂźnĂ© des effets antifibrogĂ©niques puissants, Ă  savoir, l’inhibition de la croissance de cellules fibrogĂ©niques du foie et d’apoptose. Les auteurs soulignent que leurs travaux « mettent en Ă©vidence le rĂŽle antifibrogĂ©nique des rĂ©cepteurs CB2 lors de lĂ©sions chroniques du foie. » (Source: Julien B, et al. Gastroenterology 2005;128(3):742-55)

Science — Cancer de la prostate

Des chercheurs de l’UniversitĂ© du Wisconsin ont trouvĂ© que les rĂ©cepteurs CB1 et CB2 sont prĂ©sents en concentration plus Ă©levĂ©e dans les cellules cancĂ©reuses de la prostate que dans les cellules saines de la prostate. Un traitement avec un cannabinoĂŻde (WIN55,212-2) a eu pour effet une inhibition, proportionnelle au dosage, de la croissance cellulaire et l’induction d’apoptose dans les cellules cancĂ©reuses. Les chercheurs ont Ă©galement remarquĂ© d’autres effets anticancĂ©reux dans les cellules. Ils constatent que les cannabinoĂŻdes « pourraient ĂȘtre dĂ©veloppĂ©s comme nouveaux agents thĂ©rapeutiques pour le traitement du cancer de la prostate. » (Source: Sarfaraz S, et al. Cancer Res 2005;65(5):1635-41)

Science — Inflammation de la vessie

Selon un communiquĂ© de presse d’Indevus Pharmaceuticals, leur cannabinoĂŻde synthĂ©tique IP 751, plus connu sous CT3 ou acide ajulĂ©mique, a Ă©tĂ© efficace dans un modĂšle animal de la cystite interstitielle. Il a rĂ©duit de maniĂšre significative la sur-activitĂ© de la vessie associĂ©e avec la maladie, sans affecter le mĂ©canisme normal de vidange. L’IP 751 a Ă©tĂ© testĂ© dans un modĂšle animal hautement standardisĂ© d’inflammation et de sur-activitĂ© de la vessie, rĂ©alisĂ© par le Dr. Michael Chancellor, professeur Ă  l’UniversitĂ© de Pittsburgh. « Actuellement, les patients avec une cystite interstitielle disposent de peux d’options thĂ©rapeutiques », prĂ©cise-t-il. (Source: communiquĂ© de presse d’Indevus Pharmaceuticals du 7 mars 2005)

Allemagne — Brevet pour la production de dronabinol

THC Pharm, une compagnie pharmaceutique à Francfort, Allemagne, produisant et fournissant du dronabinol (THC) aux pharmacies depuis 1998 a obtenu un brevet pour la production de dronabinol semi-synthétique. Le procédé breveté permet la production de THC à partir de fibre de chanvre avec une pureté élevée. « Par rapport à la pureté requise de 95 pour cent, nous sommes à présent en mesure de produire un dronabinol pur à 99 pour cent, un plus significatif en matiÚre de sécurité pour les médecins, pharmaciens et patients » annonce Christian Steup, directeur du laboratoire de la compagnie. (Source : ots du 10 mars 2005)

ONU — Rapport 2004 de l’OICS

L’Organe International de ContrĂŽle des StupĂ©fiants (OICS) des Nations Unies a fait plusieurs remarques sur l’usage thĂ©rapeutique du cannabis dans son rapport annuel.

« Depuis la fin des annĂ©es 1990, des recherches scientifiques sur l’utilitĂ© thĂ©rapeutique du cannabis ou des extraits de cannabis sont en cours dans plusieurs pays, dont l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suisse. (
) Les rĂ©ponses reçues Ă  ce jour des pays concernĂ©s indiquent que les rĂ©sultats des Ă©tudes sur l’utilitĂ© thĂ©rapeutique possible du cannabis ou des extraits de cannabis demeurent limitĂ©s. C’est pourquoi l’Organe tient Ă  exprimer ses prĂ©occupations au sujet de l’utilisation mĂ©dicale de cette substance au Canada et aux Pays-Bas ainsi que dans certains États des États-Unis en l’absence de travaux concluants prouvant son utilitĂ© mĂ©dicale. Il se fĂ©licite des recherches effectuĂ©es Ă  ce sujet, comme il l’a indiquĂ© dans des rapports prĂ©cĂ©dents (
) » (Source : Rapport de l’OICS du 3 mars 2005).

Allemagne — Acquittement valide

Le 3 mars, le procureur en charge d’un procĂšs Ă  l’encontre d’un patient atteint de sclĂ©rose en plaque, utilisant du cannabis contre l’ataxie, a acceptĂ© le jugement de la cour de Mannheim. Le 19 janvier, la cour de Mannheim a acquittĂ© le patient atteint de sclĂ©rose en plaque, accusĂ© de dĂ©tention illĂ©gale de cannabis. 600 grammes avaient Ă©tĂ© trouvĂ© Ă  au domicile de cet accusĂ© de 41 ans. Le procureur a acceptĂ© la nĂ©cessitĂ© du traitement au cannabis dans ce cas. Toutefois, il avait dĂ©cidĂ© de faire appel, en raison de la quantitĂ© de cannabis qu’il estimait ĂȘtre trop Ă©levĂ©e. A prĂ©sent, il a changĂ© d’avis, permettant la validitĂ© de l’acquittement et faisant de Michael Fischer un des rares consommateurs allemands de cannabis Ă  avoir obtenu l’acquittement devant un tribunal. (Source : communication personnelle)