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IACM-Bulletin du 17 novembre 2003

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Science — Le cannabis rĂ©duit les symptĂŽmes de la sclĂ©rose en plaques, selon une Ă©tude britannique

La plus importante Ă©tude sur l’usage du cannabis et du THC (dronabinol) pour soulager les symptĂŽmes de la sclĂ©rose en plaques a donnĂ© des rĂ©sultats mitigĂ©s, mais les mĂ©decins ont dĂ©clarĂ© avoir suffisamment de donnĂ©es pour garantir l’autorisation du traitement pour cette maladie.

Bien qu’il n’y ait pas eu d’observation objective que le cannabis soulage la spasticitĂ© ou la raideur musculaire causĂ©e par la maladie, les patients ont signalĂ© des amĂ©liorations dans le soulagement de la douleur et la rigiditĂ©. La mobilitĂ© a Ă©galement Ă©tĂ© amĂ©liorĂ©e.

657 patients souffrant de SEP stable et de spasticitĂ© musculaire ont reçu soit un extrait de cannabis en capsule, du THC ou un placebo. Les capsules de cannabis contenaient 2,5 mg de THC et 1,25 mg de cannabidiol (CBD). L’essai a durĂ© 15 semaines. Il a commencĂ© par une phase de dosage de 5 semaines. Durant cette pĂ©riode, il a Ă©tĂ© demandĂ© aux patients d’augmenter leur dose d’une capsule deux fois par jour Ă  intervalles hebdomadaires jusqu’à une dose quotidienne maximum de 10-25 mg THC (selon le poids corporel). Si des effets secondaires se dĂ©veloppaient, il Ă©tait conseillĂ© aux patients de ne pas augmenter la dose.

Ce traitement a gĂ©nĂ©ralement Ă©tĂ© bien tolĂ©rĂ©. Il n’y a pas eu de donnĂ©es objectives que la spasticitĂ© mesurĂ©e par l’échelle de spasticitĂ© d’Ashworth ait Ă©tĂ© amĂ©liorĂ©e. Cependant, il y a eu une tendance vers une lĂ©gĂšre amĂ©lioration avec le cannabis et le THC, avec une rĂ©duction moyenne dans le score total Ashworth de 0,32 pour le cannabis et de 0,42 pour le THC comparĂ© au placebo. L’effet du traitement sur certains symptĂŽmes subjectifs a Ă©tĂ© observĂ©. Respectivement, 61% et 60% des patients recevant l’extrait de cannabis ou du THC ont signalĂ© une amĂ©lioration de la spasticitĂ©, comparĂ© Ă  seulement 46% avec le placebo. Les chiffres correspondants pour la douleur Ă©taient respectivement de 42%, 35% et 26%. Il y a Ă©galement eu des signes de l’amĂ©lioration de la capacitĂ© Ă  marcher avec le cannabis et le THC pour les patients mobiles.

“Il existe une gamme de positifs et une gamme de nĂ©gatifs. Globalement, je pense qu’il y a suffisamment de preuves pour aller plus loin avec les autorisations et les autoritĂ©s rĂ©glementaires,” a dĂ©clarĂ© Ă  Reuters le Dr John Zajicek, qui dirige l’étude. Il a indiquĂ© que la recherche pose des questions sur ce qui est le plus important : les Ă©valuations d’un mĂ©decin ou la perspective du patient.

"Je pense que s’il y a un conflit, ce qui est important c’est ce que le patient ressent, je pense que c’est donc assez encourageant," a dĂ©clarĂ© Ă  Associated Press le Dr Roger Pertwee, professeur de neuro-pharmacologie Ă  l’UniversitĂ© d’Aberdeen, qui n’est pas liĂ© Ă  l’étude. Une explication pour les rĂ©sultats mitigĂ©s pourrait venir du test musculaire, appelĂ© Ă©chelle d’Ashworth, qui n’est pas assez sensible pour dĂ©tecter les changements qui sont significatifs pour les patients. "C’est trĂšs loin de la rĂ©alitĂ© quotidienne. Bouger la jambe de quelqu’un de haut en bas quand il est allongĂ© sur une table ne reflĂšte pas nĂ©cessairement trĂšs bien ce qui se passe quand il se lĂšve et essaie de marcher ou de faire le mĂ©nage ou autre chose," a indiquĂ© le Dr Alan Thompson, professeur de neurologie Ă  Londres.

(Sources: Zajicek J, Fox P, Sanders H, Wright D, Vickery J, Nunn A, Thompson A, on behalf of the Royaume-Uni MS Research Group. Cannabinoids for treatment of spasticity and other symptoms related to multiple sclerosis (CAMS study): multicentre randomised placebo-controlled trial. Lancet 2003; 362(9385): 1517-1526. Reuters of 7 novembre 2003, Associated Press of 6 novembre 2003)

Etats-Unis — Recommander le cannabis aux patients reste difficile pour les mĂ©decins

Pour les mĂ©decins qui souhaitent discuter de l’usage de la marijuana mĂ©dicale avec leurs patients, la frontiĂšre entre conseil et apologie est toujours aussi floue qu’avant la rĂ©cente dĂ©cision de justice qui garantit le droit des mĂ©decins Ă  aborder ce sujet ouvertement.

La plupart des mĂ©decins sont soulagĂ©s que la Cour SuprĂȘme des Etats-Unis ait maintenu la dĂ©cision d’un tribunal le 14 octobre, qui interdit au gouvernement fĂ©dĂ©ral de punir les mĂ©decins qui ont indiquĂ© Ă  leurs patients que la marijuana peut soulager certains symptĂŽmes. Mais cette dĂ©cision affirme essentiellement le droit du gouvernement fĂ©dĂ©ral Ă  tenir pour responsables les mĂ©decins s’ils prennent rĂ©ellement des mesures pour aider les patients Ă  obtenir de la marijuana. Dans ce cas, le tribunal a conservĂ© la possibilitĂ© d’inculper les mĂ©decins dans le cadre du statut fĂ©dĂ©ral des drogues.

"Cette dĂ©cision notifie que c’est bien et appropriĂ© de discuter de marijuana mĂ©dicale avec les patients, et je peux mĂȘme dire `je pense que vous pouvez en bĂ©nĂ©ficier,' " dĂ©clare le Dr Steve O'Brien, d’un centre contre le sida Ă  Oakland, Californie. "Mais cela signifie-t-il que je peux maintenant signer le formulaire d’un club de marijuana mĂ©dicale ou Ă©crire, `je recommande la marijuana,' sur une ordonnance ?"

(Source : New York Times du 28 octobre 2003)

En bref

Etats-Unis — Californie

Le gouverneur Gray Davis a signĂ© un projet de loi controversĂ© sur la marijuana mĂ©dicale, qui prendra effet le 1er janvier 2004. Cette nouvelle loi propose des cartes d’identitĂ© confidentielles avec photo, sur la base du volontariat, pour identifier les patients inscrits et protĂ©gĂ©s. Mais, bien que la Californie ait jurĂ© de protĂ©ger l’identitĂ© des dĂ©tenteurs de cartes d’identitĂ© de marijuana mĂ©dicale, la plupart des patients s’inquiĂštent de ce que les agents fĂ©dĂ©raux de lutte contre la drogue puissent saisir les listes auxquelles ils pourraient avoir accĂšs et les utiliser pour mener des arrestations. (Source : Los Angeles Daily Journal du 6 novembre 2003)

Science — AnxiĂ©tĂ©

Le blocage pharmacologique de l’enzyme FAAH, responsable de la dĂ©gradation du cannabinoĂŻde endogĂšne anandamide, produit des effets semblables aux anxiolytiques. Le blocage du FAAH a pour rĂ©sultat une augmentation de la concentration d’anandamide. Cette dĂ©couverte suggĂšre que l’anandamide contribue Ă  la rĂ©gulation de l’émotion et de l’anxiĂ©tĂ©, et que le FAAH (fatty acid amide hydrolase) pourrait ĂȘtre la cible pour une nouvelle classe de mĂ©dicaments anxiolytiques. (Source : Gaetani S, et al. Trends Mol Med 2003;9(11):474-8)

Science — Douleur

Une dose de 5 mg de THC n’a pas Ă©tĂ© efficace pour rĂ©duire la douleur post-opĂ©ratoire. 40 femmes ayant subi une opĂ©ration chirurgicale ont reçu soit 5 mg de THC, soit un placebo, si les patients demandaient une analgĂ©sie supplĂ©mentaire le 2e jour post-opĂ©ratoire. Il n’y a pas eu de diffĂ©rences significatives entre les deux substances. Comme cela a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© lors de prĂ©cĂ©dentes Ă©tudes, 5 mg de THC n’est gĂ©nĂ©ralement pas une dose efficace pour le traitement de la douleur. (Source : Buggy DJ, et al. Pain 2003;106(1-2):169-72)

Canada — GW et Bayer

GW Pharmaceuticals et Bayer HealthCare au Canada ont annoncĂ© un accord de marketing pour commercialiser Sativex, l’extrait de cannabis de GW, sur le marchĂ© canadien. (Source : Canada NewsWire du 6 novembre 2003)

Science — SchizophrĂ©nie

Des chercheurs du secteur de la santĂ© publique aux Pays-Bas pensent maintenant qu’il existe "des donnĂ©es convergentes" qui dĂ©montrent que l’usage du cannabis est un facteur de risque pour la schizophrĂ©nie. Les chercheurs de l’Institut de SantĂ© Mentale et de la DĂ©pendance aux Pays-Bas mettent en garde sur le fait que le cannabis double approximativement le risque de schizophrĂ©nie. Les chercheurs tirent leurs conclusions d’une revue de cinq Ă©tudes longitudinales rĂ©cemment publiĂ©es dans quatre revues mĂ©dicales. Ils considĂšrent que des Ă©tudes de cohorte Ă©pidĂ©miologiques ne prĂ©sentent pas de preuve absolue, car il pourrait y avoir d’autres facteurs sociaux ou biologiques sous-jacents Ă  ce risque accru. (Source : Sheldon T. BMJ 2003;327(7423):1070)

Science — Glaucome

Dans le glaucome, l’augmentation de la diffusion de glutamate est la cause majeure de la mort des cellules du nerf rĂ©tinien. Dans cette Ă©tude, il a Ă©tĂ© montrĂ© que le glutamate cause l’apoptose (mort programmĂ©e de la cellule) des nerfs de la rĂ©tine via la formation excessive de peroxynitrite, et que l’effet neuroprotecteur du THC et du cannabidiol (CBD) se fait via l’attĂ©nuation de la formation de peroxynitrite. (Source : El-Remessy AB, et al. Am J Pathol 2003;163(5):1997-2008)