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IACM-Bulletin du 5 février 2013

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Science Israël — le cannabis médicinal peut soulager les malades atteints de maladies chroniques

Des chercheurs de l’université de Tel-Aviv ont indiqué qu’un traitement à base de cannabis peut soulager des douleurs chroniques et augmenter l’appétit. « Bien qu’encore controversé, le cannabis médicinal est maintenant plus connu, notamment comme traitement destiné à soulager ceux qui souffrent de cancers, de troubles post-traumatiques, de SLA (sclérose latérale amyotrophique), ainsi que d’autres pathologies, » rapporte un article du journal Tel-Aviv University's American Friends repris par le quotidien Science Daily.

A la maison de retraite Hadarim, il a été administré pendant un an du cannabis à 19 patients âgés de 69 à 101 ans. Les personnes souffraient de douleurs, de manque d’appétit, de spasmes musculaires et de tremblements. Durant l’étude, 17 des sujets ont retrouvé un poids normal. La raideur et les spasmes musculaires, les tremblements et les douleurs ont beaucoup diminué. La plupart des patients ont indiqué dormir plus longtemps et ont noté une réduction des cauchemars. La dosage des autres médicaments a aussi diminué, notamment les dosages d’analgésiques, d’antidépresseurs, et ceux destinés à la maladie de Parkinson. A la fin de l’étude, les chercheurs ont noté que 72% des participants prenaient moins de médicaments, et leurs effets secondaires souvent importants ont été réduits également.

It's True: Medical Cannabis Provides Dramatic Relief for Sufferers of Chronic Ailments

Medical Cannabis Provides Dramatic Relief for Sufferers of Chronic Ailments, Israeli Study Finds

Science/Homme — les conclusions d’une étude épidémiologique récente associant consommation de cannabis à l’adolescence et intelligence réduite pourraient être erronées

Une importante étude qui avait démontré un lien entre la consommation de cannabis à l’adolescence et une intelligence diminuée pourrait ne pas avoir utilisé les données correctement. La baisse d’intelligence pourrait être liée à des facteurs socio-économiques, indique une autre étude norvégienne. Cet article a été publié dans le journal PNAS, Proceedings of the National Academy of Sciences des Etats-Unis d’Amérique.

Ole Rogeberg, un économiste du Frisch Centre for Economics Research à Oslo, a indiqué à Reuters que son étude montrait essentiellement que les méthodes et les analyses utilisées sont insuffisantes pour écarter les autres facteurs pouvant expliquer un QI plus faible.

L’étude Dunedin, réalisée par l’université d’Otago de Nouvelle-Zélande, a suivi 1037 personnes nées entre avril 1972 et mars 1973. Le QI, ainsi que d’autres indices, comme la prise de drogues, ont été testés et mesurés périodiquement. En 2012, la psychologue Madeline Meier a publié un article indiquant un lien entre la consommation de cannabis à l’adolescence et un QI diminué. Dans cet article, Rogeberg conclut : « une simulation à partir d’un modèle reproduit l’association démontrée par Dunedin, suggérant que les causes estimées par l’équipe de Meir semblent être surestimées, et qu’il n’y aurait pas d’effet. Bien qu’il soit impossible d’affirmer que les résultats sont faux, la méthodologie est défectueuse et la relation causale entre cannabis et QI établie à partir de ces résultats est prématurée. »

Rogeberg O. Correlations between cannabis use and IQ change in the Dunedin cohort are consistent with confounding from socioeconomic status. Proc Natl Acad Sci U S A.14 janvier 2013. [in press]

Reuters du 23 janvier 2013

Science/Homme — une étude expérimentale indique que le CBD aide à soulager les troubles anxieux

Dans une étude expérimentale portant sur 48 sujets sains à qui l’on a fait subir des tests de situation de peur, le CBD (cannabidiol) a amélioré l’extinction du conditionnement de peur. Le cannabidiol pourrait donc être utilisé pour traiter des cas de troubles anxieux. Les scientifiques de la Clinical Psychopharmacology Unit de l’ University College de Londres, Royaume-Uni, ont conduit une expérience de conditionnement classique. Un stimulus neutre, dans ce cas précis, une boite colorée, était suivi par un autre stimulus déplaisant (un choc électrique). Le stimulus neutre provoquait une réaction puisque le sujet s’attendait à recevoir un choc électrique. Avec l’extinction du conditionnement, la réponse attendue suite au premier stimulus était supprimée. L’extinction du conditionnement est une nouvelle approche du traitement des troubles de l’anxiété.

Il a été administré aux participants, en double aveugle avec placébo, 32 mg de CBD, soit avant soit après l’extinction. Le conditionnement réalisé, et l’extinction ont été retrouvés dans les trois groupes de personnes traitées. Le CBD administré post extinction a amélioré l’extinction du conditionnement. Le CBD n’a produit aucun effet secondaire. Les auteurs ont conclu que ces résultats constituent une première preuve de l’intérêt du CBD dans l’amélioration de l’extinction du conditionnement, et ils suggèrent que le CBD pourrait être un complément des thérapies de base des troubles de l’anxiété.

Das RK, Kamboj SK, Ramadas M, Yogan K, Gupta V, Redman E, Curran HV, Morgan CJ. Cannabidiol enhances consolidation of explicit fear extinction in humans. Psychopharmacology (Berl). 10 janvier 2013. [in press]

Etats-Unis — la cour fédérale rejette une demande de reclassification du cannabis

Le 22 janvier, la cour d’appel fédérale a indiqué qu’il existait des éléments favorables à la demande de reclassement du cannabis comme plante bénéfique pour la santé, mais pas suffisamment pour annuler le jugement du gouvernement qui indique que le cannabis doit être étroitement contrôlé. Cette décision implique que l’U.S. Drug Enforcement Administration maintienne le cannabis dans la liste des drogues les plus dangereuses, les plus contrôlées, comme c’est le cas pour l’héroïne.

Les défenseurs du cannabis médicinal avaient introduit une requête sur la classification du cannabis en 2011. Les partisans de ce projet, qui incluent Americans for Safe Access, ne sont pas parvenus à prouver que l’usage du cannabis est efficace, accepté et sécurisé dans son application médicale. Sans plus de preuves scientifiques, la cour doit se soumettre à la DEA, a indiqué le juge Harry Edwards. Depuis 1970, la marijuana est classée dans la classe I, catégorie des drogues n’ayant pas d’usage médical et un fort potentiel d’abus.

Reuters of 22 January 2013

En bref

Science — 6e Workshop européen sur les cannabinoïdes

Le 6e workshop européen sur les cannabinoïdes se tiendra du 18 au 20 avril 2013 au Trinity College de Dublin, Irlande.

Conference website

Science/Homme — le cannabis n’a pas d’effet sur l’épilepsie

Les résultats d’une étude menée sur 310 patients épileptiques permettent de conclure que le cannabis n’a pas réduit la sévérité de la maladie, mais que la consommation d’autres drogues illégales a conduit à des crises plus graves. 63 patients (20.3%) ont indiqué consommer du cannabis après que le diagnostic ait été posé, et 16 autres patients (5.2%) ont indiqué avoir consommé d’autres drogues. La consommation de cannabis n’a entrainé aucun changement dans 84,1% des cas.

Department of Neurology, Charité-University Hospital Berlin, Germany.

Hamerle M, et al. Eur J Neurol. 11 janvier 2013. [in press]

Etats-Unis — le maire de San Diego arrête les mesures répressives à l’encontre des dispensaires de cannabis

Bob Filner, maire de San Diego, a demandé aux procureurs d’arrêter les mesures répressives à l’encontre des dispensaires de cannabis. Cette annonce constitue un changement dans la politique de gestion des dispensaires de la seconde plus grande ville de Californie. En 2011, le procureur de la ville avait introduit une série de dispositions visant à renforcer les procès contre plus de 100 dispensaires de cannabis médicinal, et était parvenu à faire fermer la plupart d’entre eux.

Reuters du 11 janvier 2013

Le 10 janvier, une cour de Diekirch a statué sur l’affaire de prescription de cannabis par le docteur Jean Colombera. Ce médecin avait prescrit du cannabis de la compagnie néerlandaise Bedrocan à 25 de ses patients, ce qui n’est pas autorisé au Luxembourg. Le juge a indiqué que le médecin a outrepassé la loi, mais qu’il l’avait fait afin de soulager des patients. La cour n’a pas demandé de peine de prison ou d’amende. La décision a été suspendue pendant un an. Le médecin est autorisé à continuer d’exercer et sera acquitté s’il n’enfreint pas la loi pendant un an. (communication personnelle de Jean Colombera)

Science/Animal — le CBD inhibe l’activité d’un enzyme du foie

Le cannabinoïde naturel CBD (cannabidiol) inhibe l’activité de l’enzyme cytochrome P450 2C19. Les enzymes de l’ensemble du cytochrome P450 sont responsables de la dégradation des médicaments. Les médicaments que dégrade l’enzyme 2C19 incluent des inhibiteurs de la pompe à protons et les antiépileptiques pourraient se dégrader plus lentement s’ils sont administrés parallèlement à du CBD.

Faculty of Pharmaceutical Sciences, Hokuriku University, Japan.

Jiang R, et al. Drug Metab Pharmacokinet. 15 janvier 2013. [in press]

Science/Homme — variantes du gène récepteur CB1 et mouvements intestinaux sont associés

Sur une étude incluant 455 patients dont le côlon est irritable, et 228 sujets sains, des variantes du gène du récepteur cannabinoîde-1 ont été associées avec des mouvements du côlon. Les auteurs ont écrit : « Ces données permettent de dire que les récepteurs cannabinoïdes jouent un rôle dans le contrôle du transit et que d’autres études sont souhaitables pour déterminer leur potentiel de médiateur ou de thérapie des troubles fonctionnels gastro-intestinaux. »

Mayo Clinic, Rochester, USA.

Camilleri M, et al. Am J Physiol Gastrointest Liver Physiol. 10 janvier 2013. [in press]

Science/Animal — les endocannabinoïdes réduisent les symptômes de sevrage aux opiacées

L’inhibition de la dégradation des endocannabinoïdes réduit les effets du sevrage chez des souris toxicomanes à la morphine. Les auteurs ont conclu que l’inhibition de l’endocannabinoïde représente une approche prometteuse du traitement de la dépendance aux opiacés.

Medical College of Virginia, Virginia Commonwealth University, Richmond, USA.

Ramesh D, et al. Neuropsychopharmacology. 3 janvier 2013. [in press]