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IACM-Bulletin du 27 février 2007

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Science — le cannabis est efficace pour traiter les douleurs neurologiques dans l’infection du VIH

Dans une étude clinique menée à l’hôpital général de San Francisco, le cannabis, comparé au placebo, a permis de réduire significativement l’intensité des douleurs neurologiques chez 50 patients VIH. Les patients ont été divisés au hasard en deux groupes. Ceux du premier groupe ont fumé 3 cigarettes de cannabis (3,56 % de THC ce qui équivaut à peu près à 25 mg de THC) par jour pendant cinq jours. Pareil pour les participants du deuxième groupe qui, en revanche, ont fumé des cigarettes à base d’un placebo. Tous les participants ont déclaré déjà avoir consommé du cannabis. 31 participants ont été traité au préalable avec d’autres antalgiques, dont des opiacés et de la gabapentine, qu’ils ont continué de prendre à des doses égales au cours de l’étude.

Le cannabis a réduit les douleurs au quotidien de 34 % (taux moyen), comparés aux 17 % dans le groupe témoin. Une réduction des douleurs de plus de 30 % a été observée par 52 % des patients du premier groupe et par 24 % du deuxième groupe. Le cannabis a également réduit les douleurs dans deux modèles, provoquées de manière expérimentale, et n'a pas été efficace dans un troisième. Des effets secondaires indésirables ont davantage été observés chez les patients du premier groupe. Or aucun patient n’a indiqué des effets secondaires graves et personne n'a arrêté l'étude à cause de ceux-ci. Les chercheurs ont conclu que le « cannabis a été bien toléré et a calmé efficacement les douleurs neurologiques dans la neuropathie sensorielle associée au VIH. Les résultats sont comparables à ceux obtenus avec des médicaments administrés par voie orale pour traiter les douleurs neuropathiques. »

Les douleurs neuropathiques sont provoquées par une lésion nerveuse. Dans cette étude, les douleurs étaient dues à l’infection du VIH, aux médicaments pour traiter l’infection, voire les deux.

Le résumé de l’étude est disponible sur :

http://www.cannabis-med.org/studies/study.php

(Source : Abrams DI, Jay CA, Shade SB, Vizoso H, Reda H, Press S, Kelly ME, Rowbotham MC, Petersen KL. Cannabis in painful HIV-associated sensory neuropathy: A randomized placebo-controlled trial. Neurology 2007;68(7):515-21.)

Etats-Unis — un tribunal administratif conseille à la DEA d’autoriser la culture de cannabis à un professeur du Massachusetts

L'approvisionnement en cannabis pour la recherche médicale est insuffisant. C’est la raison pour laquelle une juge d’un tribunal administratif a conseillé à la DEA (Drug Enforcement Administration) de se prononcer en faveur de la requête déposée par un professeur du Massachusetts demandant l’autorisation de cultiver du cannabis. Ce verdict en date du 12 février est non exécutoire.

En juin 2001, le professeur Lyle Craker a déposé une demande d’autorisation pour cultiver du cannabis pour la DEA. Or le gouvernement fédéral limite la culture de cannabis pour la recherche médicale à un seul site, en l’occurrence l’université du Mississippi. Des responsables ont déclaré que c’était à l’université où travaillait M. Craker de postuler pour le prochain contrat relatif à la culture de cannabis dans les Etats-Unis. Et d'ajouter qu'il n'y avait pas de raisons suffisamment valables pour accorder une telle autorisation à un deuxième producteur. La société qui souhaite soutenir M Craker en participant à l’installation relative à la culture de cannabis a répondu que les chercheurs n’obtiendront actuellement pas ni la quantité ni la qualité du cannabis dont ils auraient besoin pour pouvoir obtenir l’agrément correspondant de la part de la FDA (Food and Drug Administration).

La juge Mary Ellen Bittner a conclu qu’un avis favorable à la demande de M. Crakers relevait de l’intérêt public. Parmi les raisons qu’elle a nommé, figuraient un manque de concurrence et un approvisionnement insuffisant de cannabis pour des fins scientifiques. Steve Robertson, porte-parole de la DEA, a déclaré que les autorités allaient réfléchir sur la décision de la juge Bittner, mais, pour l’instant, elles ne pouvaient pas faire d'autres commentaires.

(Source : Associated Press du 12 février 2007)

En bref

Etats-Unis — Nouvelle Mexique

Une proposition visant à autoriser l’utilisation du cannabis médical par certains patients dans le cadre d’un programme d’Etat a été adoptée le 7 février par le Sénat et va maintenant être discutée dans la Chambre des représentants. Le gouverneur Bill Richardson soutient la proposition en expliquant qu'il était pour un projet de loi « qui inclut les mesures de sécurité appropriées permettant de prévenir l’abus ». (Source : The New Mexican du 8 février 2007)

Etats-Unis — Minnesota

Le 5 février, un projet de loi a été présenté à la Chambre des représentants stipulant la légalisation du cannabis médical dans le Minnesota. Tout récemment, un projet similaire a été présenté au Sénat. Selon les termes du texte déposé à la Chambre des représentations, les patients « qualifiés » ayant obtenu une « carte spéciale enregistrée » seraient autorisés à « posséder une quantité tolérable de cannabis médical pour laquelle ils ne pourront ni être arrêtés ni poursuivis ni punis par la loi ». (Source : Chaska Herald du 7 février 2007)

Etats-Unis — Illinois

Le 9 février, un projet de loi a été présenté au Sénat qui vise l’annulation des poursuites pénales pour utilisation de cannabis médical par des patients ayant obtenu une recommandation spéciale de la part d’un médecin. (Source : Marijuana Policy Project du 9 février 2007)

Science — Cannabis et sécurité routière

Dans une importante étude de cas, la présence de THC ou de ses métabolites dans le sang ou dans l’urine a été associée à une légère augmentation du potentiel de dangerosité au volant. Pour mener l’étude, les chercheurs ont utilisé une base de données relative à tous les accidents de la circulation mortels aux Etats-Unis, incluant également l’ensemble des données collectées entre 1993 et 2003 sur les conducteurs âgés entre 20 et 49 ans. Comparés aux résultats obtenus par les contrôles négatifs (aucune trace de drogues), ceux ayant révélé la présence de cannabinoïdes ont pu étre associés à une augmentation de 29 % du risque d’accident, c’est-à-dire à un comportement potentiellement dangereux (p. ex. par le non-respect des panneaux de la route). En comparaison, le taux d’alcoolémie de 0,5 g/l a été associé à une augmentation de 101 % du risque d’accident, allant jusqu’à une augmentation de 206 % pour le taux de 1 g/l. (Source : Bedard M, et al. Can J Public Health 2007;98(1):6-11.)

Science — épilepsie

Dans un modèle de l’état de mal épiléptique dans les cellules nerveuses du hippocampe (une zone spécifique du cerveau), les chercheurs de l’université Commonwealth de Virginie (USA) ont découvert le développement d’un effet de résistance aux benzodiazépines et une absence de cette résistance à un cannabinoïde synthétique. L’efficacité des benzodiazépines Lorazepam a été observée pendant une durée de 30 minutes, puis, après une heure, a baissé à un taux entre 10 et 15 % d’efficacité. Par contre, le niveau d’efficacité du cannabinoïde WIN55,212-2 est resté stable même après deux heures. (Source : Deshpande LS, et al. Exp Neurol, 9 janvier 2007; [publication électronique avant impression])