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IACM-Bulletin du 26 septembre 2006

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Science — la consommation de cannabis amĂ©liore le rĂ©sultat d’un traitement antiviral chez des patients atteints d’hĂ©patite C

Des toxicomanes ayant contractĂ© le virus de l’hĂ©patite C et qui continuent de consommer du cannabis poursuivent leur traitement mĂ©dicamenteux plus souvent jusqu'Ă  la fin et prĂ©sentent de meilleurs rĂ©sultats que ceux qui n’en consomment pas. C’est ce qu’ont rapportĂ© des chercheurs de l’universitĂ© de Californie dans un article paru dans le magazine « European Journal of Gastroenterology and Hepatology ». Selon eux, le cannabis est susceptible d’aider ces patients Ă  mieux tolĂ©rer les effets secondaires des mĂ©dicaments antiviraux, capables de combattre le virus de l’hĂ©patite C, qui sont Ă  l'origine de poussĂ©es de fiĂšvre, de frissons et de douleurs musculaires et articulatoires.

La Dr. Diana Sylvestre et ses collĂšgues ont testĂ© 71 patients Ă  qui on a administrĂ© de l'interfĂ©ron et de la ribavirine comme traitement contre l'hĂ©patite C. L’interfĂ©ron renforce les dĂ©fenses immunitaires et comme la ribavirine, il s'attaque au virus mĂȘme. 22 participants (31 %) ont consommĂ© du cannabis en plus de ce traitement. 24 % du total des patients ont interrompu la thĂ©rapie avant la fin, dont seulement un consommateur de cannabis par rapport aux 16 non consommateurs. Ce traitement mĂ©dicamenteux a Ă©tĂ© bĂ©nĂ©fique pour plus de la moitiĂ© des consommateurs de cannabis (54 %) - ce qui signifie que le virus n'est plus dĂ©tectable - comparĂ©s aux 18 % du groupe tĂ©moin. Seulement 14 % des consommateurs de cannabis ont rechutĂ©, comparĂ©s aux 61 % des non consommateurs. Une telle rechute veut dire que le virus de l’hĂ©patite C est Ă  nouveau dĂ©tectable quelques temps aprĂšs avoir disparu.

Les chercheurs ont conclu que « ces rĂ©sultats suggĂšrent que des points de vue symptomatique et virologique, la consommation modĂ©rĂ©e de cannabis est utile pour certains patients qui suivent un traitement VHC parce qu’il les aide Ă  mieux supporter et aussi Ă  pouvoir tenir ce traitement souvent lourd ».

Sources : Reuters du 13 septembre 2006; Sylvestre DL, Clements BJ, Malibu Y. Cannabis use improves retention and virological outcomes in patients treated for hepatitis C. Eur J Gastroenterol Hepatol 2006;18(10):1057-63.)

Italie — la ministre de la SantĂ© autorise l’importation de mĂ©dicaments qui contiennent du THC

Livia Turco, la ministre de la SantĂ© a dĂ©crĂ©tĂ© la poursuite de l’importation de mĂ©dicaments qui contiennent du THC, autorisĂ©s par la commission des stupĂ©fiants du ministĂšre pour les patients qui ont besoin de tels traitements et pour qui des alternatives thĂ©rapeutiques n'existent pas. Le dĂ©cret de la ministre est valable jusqu’au 30 novembre 2006.

La loi sur les stupĂ©fiants du gouvernement prĂ©cĂ©dent, toujours en vigueur, stipule que le cannabis ne possĂšde aucune valeur thĂ©rapeutique acceptable. De mĂȘme, l'ensemble des cannabinoĂŻdes a Ă©tĂ© exclu du tableau II, la liste officielle de tous les stupĂ©fiants et substances psychotropes prĂ©sentant un bĂ©nĂ©fice thĂ©rapeutique. Ce dĂ©cret est la rĂ©ponse de la ministre actuelle Ă  l’appel lancĂ© par plus de 100 employĂ©s et chercheurs travaillant dans le domaine de la santĂ© publique dans l’intĂ©rĂȘt des patients, qui dĂ©pendent de l’importation rĂ©guliĂšre de mĂ©dicaments Ă  base de cannabis, tels que la nabilone, le dronabinol, le sativex et le bedrocan. En attendant, la ministre attend la dĂ©cision du Conseil SupĂ©rieur de la SantĂ© afin de savoir si oui ou non les cannabinoĂŻdes seront Ă  nouveau listĂ©s dans le tableau II.

Le texte intégral du décret est disponible (seulement en italien) sous http://medicalcannabis.it.

(Source : Annonce par l’Associazione per la Cannabis Therapeutica)

En bref

Science — cannador

Au mois de juillet, 20 centres de recherche britanniques ont lancĂ© une Ă©tude en phase III avec le cannador, l’extrait de cannabis en gĂ©lules, aprĂšs l'Ă©tude CAMS (Cannabinoids in Multiple Scleroris) de 2003. Les laboratoires Weleda (Suisse) et la SociĂ©tĂ© pour la Recherche Clinique de Berlin financent cette Ă©tude. Il est prĂ©vu qu’au cours des quinze prochains mois, 400 patients atteints d’une sclĂ©rose en plaques et qui souffrent de spasticitĂ© et de diverses douleurs n’ayant pas pu ĂȘtre traitĂ©es suffisamment avec les mĂ©dicaments disponibles, vont participer Ă  cette Ă©tude contrĂŽlĂ©e par placebo. Comme pour l’étude CAMS, les recherches sont conduites sous la direction du prof. John Zajicek de la Peninsula Medical School Ă  Plymouth. (Source : Annonce par l’Institut de recherches cliniques de Berlin)

Europe — GW Pharmaceuticals

GW Pharmaceuticals a annoncĂ© le 5 septembre qu’ils ont dĂ©posĂ© des demandes d’autorisation de mise sur le marchĂ© pour l’extrait de cannabis sativex dans quatre pays europĂ©ens. La demande concerne le soulagement symptomatique de la spasticitĂ© chez des personnes atteintes d’une sclĂ©rose en plaques. Les demandes ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es selon un procĂ©dĂ© dit dĂ©centralisĂ© en Grande-Bretagne, en Espagne, au Danemark et aux Pays Bas. Selon ce procĂ©dĂ©, la Grande-Bretagne fait fonction d’Etat membre de rĂ©fĂ©rence par la coordination des dĂ©cisions des trois autres pays. Si la Grande-Bretagne rĂ©ussit sa mission, l’autorisation de mise sur le marchĂ© octroyĂ©e selon le procĂ©dĂ© dĂ©centralisĂ© conduirait Ă  une autorisation Ă©galitaire du sativex dans les quatre pays. (Source : CommuniquĂ© de presse de GW Pharmaceuticals du 5 septembre 2006, http://www.gwpharm.com)

Etats-Unis — dispensaires de cannabis mĂ©dical

Dans un rapport de 23 pages de l’association de malades Americans for Safe Access, il est Ă©crit que l’utilitĂ© des dispensaires de cannabis mĂ©dical concernait autant les patients que les autoritĂ©s locales. Le rapport a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© le 7 septembre lors d’une confĂ©rence de presse Ă  San Diego. Il dĂ©crit en outre l'impact des diffĂ©rentes dispositions mises en place par les autoritĂ©s de plusieurs villes en Californie. Les informations sont basĂ©es sur des tĂ©moignages recueillis auprĂšs de fonctionnaires locaux au cours des neuf mois d’investigation. Puis il dĂ©crit Ă©galement l’utilitĂ© de ces dispensaires pour les patients en s’appuyant sur de rĂ©cents travaux rĂ©alisĂ©s par un chercheur de l’universitĂ© de Californie. Le rapport est disponible sur : http://www.safeaccessnow.org/downloads/dispensaries.pdf. (Source : Americans for Safe Access)

Science — dĂ©pressions

Des chercheurs de l’universitĂ© John Hopkins de Baltimore ont travaillĂ© sur l’influence de la consommation de cannabis sur le dĂ©veloppement de dĂ©pressions nerveuses. Ils se sont basĂ©s sur des informations issues de l’enquĂȘte National Longitudinal Survey of Youth qui est en cours depuis 1979, dont notamment la totalitĂ© des informations concernant 8750 personnes ĂągĂ©es entre 29 et 37 ans et qui ont Ă©tĂ© questionnĂ©es en 1994 sur leurs habitudes de consommation de cannabis au cours de l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente et sur leur Ă©tat dĂ©pressif actuel. Le risque d’une dĂ©pression s’est avĂ©rĂ© 1,4 fois plus Ă©levĂ© chez les consommateurs de cannabis, comparĂ©s au groupe des non consommateurs. Or en considĂ©rant d’autres facteurs potentiels, le risque chez les participants consommateurs de cannabis n’a pas pu ĂȘtre considĂ©rĂ© comme Ă©tant plus Ă©levĂ© que chez les autres participants. (Source : Harder VS, et al. Addiction 2006;101(10):1463-72.)