IACM-Bulletin du 2 novembre 2003

Etats-Unis — Les médecins sont autorisés à recommander l’usage médical du cannabis aux patients

Le 14 octobre, la Cour Suprême des Etats-Unis a déclaré que le gouvernement ne peut pas révoquer les licences de prescription des médecins qui recommandent la marijuana médicale à leurs patients. Sans aucun commentaire, la cour a rejeté l’appel de l’administration Bush contre la décision de justice qui interdit au gouvernement de punir un médecin parce qu’il a recommandé l’utilisation de la marijuana à un patient.

Une cour d’appel de San Francisco avait déclaré précédemment que la politique du gouvernement fédéral contre les médecins qui recommandent la marijuana viole les droits constitutionnels de la liberté d’expression des médecins et des patients.

L’affaire a débuté avec le vote de la Proposition 215 en 1996 par les électeurs de Californie, loi qui légalise pour les patients gravement malades la possession et la culture de cannabis pour usage médical quand un médecin le recommande. Ces dernières années, huit autres états – Alaska, Arizona, Colorado, Hawaii, Maine, Nevada, Oregon et Washington – ont approuvé des lois similaires sur la marijuana médicale.

La cour d’appel de San Francisco a confirmé la décision d’un juge fédéral qui interdit à la Drug Enforcement Administration de révoquer les licences indispensables des médecins pour la prescription de stupéfiants réglementés au niveau fédéral. Il a même été interdit à l’agence d’enquêter sur quelque médecin que ce soit ayant recommandé la marijuana. Le Département Fédéral de la Justice a fait appel de la décision auprès de la Cour Suprême. La décision de la haute cour est considérée comme une défaite pour l’administration Bush dans son combat contre l’usage médical du cannabis.

(Source : Reuters du 14 octobre 2003)

Science — Le THC (dronabinol) inhalé testé chez des sujets sains

L’administration pulmonaire de dronabinol (THC) apparaît sûre et pourrait fournir un meilleur profil pharmacocinétique thérapeutique et présenter des avantages par rapport à la forme orale, selon les résultats d’une étude présentée le 21 septembre lors du 32e Congrès Annuel de l’American College of Clinical Pharmacology à Palm Harbor, Floride (Etats-Unis).

56 hommes et femmes en bonne santé ont été recrutés pour une étude contrôlée placebo menée par le Dr Jodi Miller et ses collègues de Solvay Pharmaceuticals, Marietta, Georgie (Etats-Unis), pour comparer la pharmacocinétique du dronabinol par voie orale par rapport à une formulation nébulisée administrée dans une solution propylène glycol/éthanol/eau.

Le dronabinol nébulisé a eu pour résultat une concentration de plasma relativement élevée. En général, la voie d’administration nébulisée apparaît comme tolérée chez les sujets sains, la toux étant la plainte la plus commune.

Le dronabinol inhalé a été rapidement absorbé, avec une concentration de plasma maximum à 0,03-0,05 heures, alors que la formulation orale a atteint le maximum de 0,75 à 2 heures. C’est l’un des gros avantages de l’administration pulmonaire, d’après le Dr Miller. "La substance pourra atteindre rapidement la circulation systémique, tout en court-circuitant le métabolisme de premier passage, ce qui a pour résultat une action rapide."

Le dronabinol est le (-)-trans-isomère naturel du delta-THC du cannabis. Le dronabinol synthétique est disponible aux Etats-Unis sous le nom Marinol. En Allemagne, deux sociétés produisent du dronabinol par isomérisation du cannabidiol à partir de la fibre de chanvre.

(Source : Article de Doctors Guide de Mike Fillon du 12 octobre 2003)

Science Australie — Le nabilone n’est pas plus efficace que la codéine pour soulager la douleur

Selon une étude australienne, le nabilone, dérivé synthétique du THC, ne procure pas de meilleur soulagement de la douleur que la codéine, un opiacé faible. Le nabilone est disponible en Australie pour le traitement des nausées et des vomissements causés par la chimiothérapie du cancer.

Le Dr Dilip Kapur, du centre Médical Flinders à Adélaïde, a étudié le nabilone chez 80 patients souffrant de douleurs chroniques et de lésions nerveuses dans un modèle croisé en double aveugle. La moitié des patients ont reçu un médicament similaire à la codéine et les autres ont reçu du nabilone, traitement qui a été échangé après six semaines.

Le Dr Kapur a déclaré qu’aucun des deux traitements n’était particulièrement utile, mais la codéine a procuré un meilleur soulagement de la douleur que le nabilone. Il a déclaré que l’étude a fourni de bonnes preuves selon lesquelles le cannabis n’était pas efficace pour traiter les douleurs importantes. Cependant, il peut être utile dans certaines circonstances, a-t-il déclaré.

(Source : West Australian du 18 octobre 2003)

Science — Débat sur l’influence d’une consommation importante de cannabis sur la fertilité masculine

D’après les recherches de l’Université de Buffalo présentées lors du Congrès Annuel de l’American Society of Reproductive Medicine, les gros consommateurs de marijuana ont des spermatozoïdes qui bougent trop vite, trop tôt, et s’épuisent, ce qui réduit les chances de fertilisation.

Les chercheurs ont comparé les échantillons de liquide séminal de 22 hommes gros consommateurs de marijuana avec celui de 59 hommes fertiles qui ont produit une grossesse. "Le fait est que les principes actifs de la marijuana agissent sur le sperme, et les faits plaident en faveur de l’infertilité" a déclaré le Dr Lani Burkman, directeur de recherche.

Le Dr Anne Jequier, Président de la Fertility Society of Australia, qui avait précédemment étudié le sperme de cinq gros fumeurs de marijuana, a déclaré qu’elle avait trouvé les recherches du Dr Burkman très intéressante. "Il y a un an, nous avons étudié le sperme de cinq fumeurs de marijuana fortement dépendants. Nous n’avons rien trouvé d’anormal avec l’analyse de routine du sperme. Si Burkman a découvert qu’il existe une altération dans le modèle d’hyperactivation de ce sperme – je n’ai pas encore vu les abstracts de cette réunion – c’est très intéressant."

Jusqu’à présent, les études ne démontrent pas que les usagers de cannabis ont moins d’enfants ou moins souvent. Tous les deux ans, l’Université de Buffalo sort une recherche fondamentale qui montre que le cannabis pourrait avoir un impact négatif sur la qualité du sperme ou de la fertilité, cependant sans objet clairement défini.

(Source: ABC Science Online du 14 octobre 2003)

En bref

Australie — Enquête sur l’usage médical

Le National Drug and Alcohol Research Centre de l’Université de Sydney, Australie, mène une enquête sur l’usage médical du cannabis. Si vous vivez en Australie, que vous utilisez du cannabis pour raisons médicales, et que vous souhaitez participer à cette enquête anonyme, rendez-vous sur la page d’accueil de l’IACM pour plus d’informations : http://www.cannabis-med.org/english/australia.htm.

Vous pouvez également contacter Peter Gates : p.gates@unsw.edu.au (Source : Wendy Swift, Université de Sydney)

Etats-Unis — Cartes de marijuana médicale en Californie

Un programme de cartes d’identité pour la marijuana médicale au niveau de l’état a été approuvé comme loi le 11 octobre par le gouverneur sortant Gray Davis, avant que le nouveau gouverneur Arnold Schwarzenegger ne prenne ses fonctions en novembre. Ces cartes d’identification sont destinées à protéger les usagers de cannabis médical des arrestations menées par les représentants de la loi locale et d’état. Le nom des patients ne sera pas inscrit, mais chaque patient se verra attribué un numéro d’identification qui lui permettra de cultiver ou posséder six plantes à maturité, 12 plantes non matures ou huit onces de marijuana séchée, et d’être à l’abri des arrestations ou confiscation de marijuana. (Source : Associated Press du 13 octobre 2003, Ukiah Daily Journal du 14 octobre 2003)

Economy — Dexanabinol

Les essais de phase III en cours sur le dexanabinol devraient être terminés d’ici au 4e trimestre 2004. A la suite de résultats positifs, ce médicament doit être commercialisé d’ici à mi-2006 et atteindre des ventes mondiales de l’ordre de $500 millions à $600 millions d’ici à 2009. La Food and Drug Administration a accordé à la fin du mois dernier un statut de contrôle rapide au dexanabinol. La FDA accorde typiquement cette appellation aux médicaments qui traitent les maladies graves et qui mettent la vie en danger, pour lesquelles aucun autre traitement officiel n’existe. Le dexanabinol est un cannabinoïde synthétique sans effet psychotrope. Il est destiné à limiter les lésions du cerveau quand il est administré dans les premières heures après un traumatisme. (Source : Associated Press du 13 octobre 2003)

Etats-Unis — Oregon

Les agents de la Drug Enforcement Agency (DEA) ont saisi 104 plants de cannabis au domicile d’un patient, malgré sa licence d’état. Ils ont déclaré qu’ils appliquaient simplement les lois fédérales qui interdisent la culture du cannabis. Ce raid est le second en un an contre le cannabis cultivé en Oregon pour utilisation médicale. Ces dernières années, la DEA a principalement fait des descentes chez les patients Californiens et les cannabis clubs pour leur confisquer leur cannabis. (Source : Associated Press du 12 octobre 2003)